Fév 162009
 


* Titre : 浪人街 – Rônin-gai
* Réalisation : Kazuo Kuroki
* Scénario : Kazuo Kasahara, d’après un roman de Itarô Yamagami
* Production : Hisao Nabeshima
* Musique : Teizo Matsumura
* Photographie : Hitoshi Takaiwa
* Date de sortie : 18 août 1990

Acteurs

* Yoshio Harada : Gennai Aramaki
* Kanako Higuchi : Oshin
* Shintarô Katsu : Goemon Akaushi
* Moeko Ezawa : Otoku
* Hiroko Isayama : Oyo
* Renji Ishibashi : Gonbei Horo
* Michitaro Mizushima : Tahei
* Hiroyuki Nagato : Heihachiro
* Tatsu Nakamura : Onaka
* Akira Nakao : Uemon
* Kei Sato : Iseya
* Kaoru Sugita : Obun
* Kunie Tanaka : Mangozaemon Doi
* Eisei Amamoto : Un joueur de biwa

Récompenses

Pas moins de 8 récompenses et de 4 nominations, parmi lesquelles:
* Prix du meilleur second rôle masculin (Renji Ishibashi) et meilleur second rôle féminin (Kanako Higuchi), lors des Hochi Film Awards 1990.
* Prix du meilleur second rôle masculin (Renji Ishibashi) et nomination au prix du meilleur acteur (Yoshio Harada), lors des Awards of the Japanese Academy 1991.
* Prix du meilleur acteur (Yoshio Harada), lors des Blue Ribbon Awards 1991.
* Prix du meilleur second rôle masculin (Renji Ishibashi), lors des Kinema Junpo Awards 1991.
* Prix de la meilleure direction artistique (Akira Naito) et meilleur second rôle masculin (Renji Ishibashi), lors du Mainichi Film Concours 1991.

Autour du film

* Décédé d’un cancer en 1997, il s’agit du dernier film dans lequel joua Shintarô Katsu, acteur rendu célèbre par son rôle de sabreur aveugle dans la série des Zatôichi.
* Rônin-gai est le remake d’un film homonyme réalisé en 1928 par Masahiro Makino. Cinéaste qui réalisera d’ailleurs une seconde version en 1957.
* Le désormais célèbre réalisateur Takashi Miike était à l’époque assistant réalisateur sur le film.


Introduction

Alors que l’ère Tokugawa (shogunat) s’approche de sa fin, le nombre de samurai sans maître (rônin) croit exponentiellement, décimant en essence la plupart des moyennes et hautes classes de la société japonaise. Certains des rônin sans emploi essayent de s’en sortir par des moyens honnêtes en travaillant alors que d’autres trouvent plus facile d’utiliser leur talents de samurai à des fins malhonnêtes, voir horrible.

Il semble que de nombreux films que j’ai pu voir dernièrement prennent place vers la fin de l’ère Edo/Tokugawa alors que le système féodal est sur le point de s’effondrer. Il est intéressant de noter de quel côté ces films choisissent l’allégeance de leurs protagonistes. Dans ce film, les loyalistes du shogunat Tokugawa sont décrit comme une cruelle bande appressante, de soldats hautains et vantards méprisant la myriade de samurai inemployés qui pullulent dans les rues.

Ainsi le film prend clairement une position pro-Meiji (ère), à partir de laquelle découle simultanément un dédain pour la hiérarchie sociale shogunale traditionnelle qui opppresse si facilement les classes infèrieures et une exploration minutieuse du vrai honneur et de l’humanisme de ce niveau traditionnel le plus bas et le plus moralement questionnable de l’échelle sociale. C’est autant un film sur le triumph d’une bande de rônin suant sur les samurai du shogunat rafinés qu’une victoire du sens universel de l’honneur sur une tradition qui assigne la noblesse à une classe supérieure de privilégiés.


Histoire

Notre histoire s’articule autour d’un petit village rural proche d’Edo donc l’attraction principale est une taverne où les villageois se rassemblent pour boire et pour la convivialité à la fin du jour. Cela semble souvent se terminer par quelques prises de bec et des minables maniement de sabre du fait que les certains rônin enfoncé dans la pauvreté effacent leur dépression et leur rencoeur avec du sake chaud. Ces personnages coutumiers du fait incluent Ushi (le taureau, de son nom Akaushi, Shintarô Katsu), un des videurs occasionnel de la taverne dont la férocité naturelle fait de lui l’homme désigné pour ce rôle. Il aime secrétement obun, la chère et travailleuse soeur d’un autre rônin qui a pris un business malheureusement odorant d’élevage d’oiseau dans le but de survivre.

Il y a aussi le rusé Aramaki Gennai (Yoshio Harada) qui lorsqu’il ne vole pas les katana des samurai morts ou ne boit pas à l’oeil dans les tavernes sans payer suit une romance avec son ex Oshin, la plus jollie prostituée du village.Le rônin le plus respecté de la ville, Horo (Renji Ishibashi) semble servir de de facto d’officier, gagnant une pension  en utilisant secrétement ses formidables talents de bretteur pour des tâches considérées trop sale et humiliante pour les samurai du shogunat Tokugawa.

Lorsque qu’une par une les prostituées de la ville sont tuées par un samurai mystérieux, alors qu’elles exercent leur métier à la tombée de la nuit, la structure de la ville commence à se désintégrer. Lorsqu’il apparait à la lumière que la bande de samurai du shogunat sont impliqués dans l’affaire, leur désespoir augmente puisque personne semble capable ou suffisament courageux pour intervenir.

Mais lorsque Oshin est capturée par les samurai de Tokugawa avec l’intention de l’exécuter en la déchirant en deux avec l’aide de deux taureaux, le point de rupture est atteint où l’apitoiement sur soi et l’égoïsme disparait pour faire ressurgir des notions d’honneur et de valeur longtemps enterrées.


Mon avis

Ronin Gai ou « le quartier des Samurai sans maitre » peut-être vu comme un précurseur de films comme Twilight Samurai qui se focalise sur l’aspect tragique du samurai de la finde l’ère Edo lorsqu’ils étaient le sujet principal. Le film se concentre sur une petite communauté d’exclu, et d’anciens samurai qui exercent de travaux subalternes pour gagner de quoi survivre (ou pas suffisament pour) et se prostituent pour la plupart. Ils sont une bandes de personnes blessées par la vie, les hommes en particuliers ne sont pas tendres. Leur vie est difficilement paisible et calme pour commencer, mais ils s’enfoncent encore plus lorsque les prostituées commencent à être tuées par un tueur apparement expert à l’épée..

Rônin Gai est un films qui privilégie les personnages, dont les protagonistes sont au centre de l’intrigue, et certainement pas un film de mystère et d’enquête, mais plutôt un film sur l’étude d’un groupe de gens dont le monde n’a pas de place pour eux. Ce n’est pas une vue romantique et sympathique des gens, et pendant un bon moment, je n’ai pas réussi à rentrer dans le film car je n’appréciais aucun des principaux personnages, alors j’ai réalisé que je ne devais pas essayer de les apprécier, et j’ai arrêté de regarder le film comme un défaut ou une erreur et j’ai commencé à vraiment à apprécier tout le reste bien plus.

Même si le film contient certaines scènes de violence presque gore, des scènes timides de sexe, le rythme du film est relativement lent et parfois presque sédatif. Il traite de gens et de situations vraiment horribles et il ne peut pas être considéré comme un film gai et plaisant, mais il n’utilise en aucun cas la méchanceté ou la violence comme un style d’exploitation… il veut nous amener à nous soucier des personnages, mais ne cherche pas à cacher les défauts pour gagner notre intérêt. Le fait qu’on se soucis des personnages et qu’on finit par les aimer est du fait du scénario mais surtout des jeux d’acteurs qui est fantastique. Une mention spéciale à Shintaro Katsu à ce sujet, qui nous donne une interprétation merveilleuse de ce qui deviendra son dernier rôle dans son dernier film.

Il a fallu quelques temps à Rônin Gai pour me gagner complètement, parce qu’il construit ses personnages et son monde doucement et délicatement, avec des détails subtiles et touchants. Ce n’était pas le film que je pensais qu’il était (quoique ce soit), alors peut-être qu’il m’a fallu du temps pour réajuster mon regard critique et de regarder  ses atouts actuels plutôt que ce que j’espérais trouver. A un moment du film je me suis rendu compte que je l’appréciais vraiment beaucoup , et jusqu’à la fin j’ai fini par l’adorer et en retirer une expérience vraiment satisfaisante.

La notion de « Rônin Gai » ou « Quartier des Rônin » dans lequel un nouveau type de cohésion social émerge et où les indigeants et les exclus se soulèvent et démontrent courage et héroïsme est très établit dans les films japonais. Le terme « Ronin Gai » (浪人街) seul apparait dans les titres de 12 différents films japonais et existait déjà avec Ronin Gai no Kaoyaku (浪人街の顔役) de 1936 [Le chef du quartier des Rônin] par le metteur en scène Shirai Sentaro (白井戦太郎) .

En outre la mise en scène est superbe, les jeux d’acteurs parfaits, les costumes magnifique mais ce qui m’a vraiment emporté c’est l’alliance entre tout cela et la musique! La musique dans le film colle parfaitement à chaque scène et nous emporte dans tourbillon d’émotions. On finit par vraiment ressentir ce qui se passe dans le film, à éprouver de la colère envers la passivité de certains samurai, et de la haine pour les vassaux des Tokugawa qui se croient tout permis et torturent les petites gens pour leur seul plaisir. Donc un excellent film. Les scènes de combats sont rares, mais lorsqu’elles sont là, on en prend plein les yeux. Et surtout, la démonstration de l’homme ivre mais façons iaijustu et kenjutsu. Shintaro Katsu nous montre un rônin ivrogne, déprimé et presque suicidaire qui abandonne presque son humanité pour servir encore quelqu’un. Il accepte l’inacceptable. Il montre un homme qui a touché le fond et que plus rien ne peut plus toucher. Et pourtant, on aperçoit derrière la couche de saleté et les relents d’alcool, l’illustre homme qu’il fut autrefois, notamment lorsqu’il donne des cours de lettres (écriture et lecture) aux prostituées analphabètes. Yoshio Harada nous donne un samurai qui a pour seul ambition sa survit personnelle et fait tout pour éviter de se mettre en danger, quitte à laisser les autres mourir, puis pour pouvoir se supporter sombre dans l’alcool et la luxure. Un rôle superbe et une interprétation de génie. Mais derrière cette dépravation, il montre qu’il reste quelqu’un d’instruit et de cultivé. Renji Ishibashi nous offre aussi une superbe prestation dans le rôle du samurai, qui essaye de ne pas toucher le fond, qui continue à essayer de préserver son honneur et sa dignité mais qui vit dans un univers cruel et qui garde ses principes et s’y accroche, mais parfois la déprime arrive et l’alcool est le dernier refuge.

Ce film donne une très bonne vision de la vie de ces samurai sans maitre, qui ont touché le fond, baignent et se laissent noyer par la luxure et la dépravation, mais gardent toujours sur eux leur culture, leur connaissance qui les séparent des petites gens analphabètes, et qui n’ont ni leur science du combat, ni leur gloire passée. Le film montre aussi la complexité des relations amoureuses dans un monde où celui ci peut être monnayé et être un moyen de survivre.

Un film que je recommande chaudement! un chef d’oeuvre!
Le film est vraiment touchant et il ne laisse pas insensible. Il nous fait réflechir et apporte un bel leçon de vie.

trailer disponible ici : http://wildgrounds.com/index.php/2008/04/23/trailer-ronin-gai-1990-kazuo-kuroki/

 Leave a Reply

You may use these HTML tags and attributes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

(requis)

(requis)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.