Juil 262017
 

Oyez, Oyez, Gentes Dames, Beaux Damoiseaux,

Permettez-moi de vous conter, cette noble Queste qui fut la mienne, et qui me permit de m’enorgueillir d’un haut fait digne du plus noble des chevaliers.

Il y a de ça quelques mois en Floréal (20 avril – 19 mai), j’avais ouïe d’un endroit secret, siégeant au plus profond de la sombre et ténébreuse Moselle, proche du Pays d’Elsass, qui possédait un artefact gustatif, magique et incroyable. Dès lors de nombreux hérauts chantaient déjà les louanges de ce produits merveilleux aux vertus inénarrables. Ce produit d’exception grand parmi les grands, reconnus par tous ses pairs, était le summum du saucisson, un Fuseau Lorrain élevé au rang de divinité des saucissons: Le Golden Saucisson!!!!

Révélation du Héraut FR3: https://www.youtube.com/watch?v=YKZvs_X09-c

Emporté par les louages colportées par les nombreux Messagers et portes-paroles, mon sang de Mosellan ne fît qu’un tour, et je décidais d’aller en Queste de ce produit du terroir de mes origines.

Mon fidèle destrier préparé pour cette mission, j’avais planifié l’action en Messidor (19 juin – 18 juillet). Malheureusement, la Queste du Golden Saucisson dût être reportée, suite à une pélérinage plus importante encore, celui « du Sang de la Terre » du Pays d’Elsass, nécessaire afin de pouvoir fournir mes suzerains alors en état de déshydratation avancé. Mais la Queste initiale n’avait pas été oubliée pour autant, que nenni! Je l’ai donc repoussée au mois de Thermidor (19 juillet – 17 août), ce qui m’a permis d’étudier les chemins et les dangers en prévisions de cette aventure.

Je quittais donc le paisible Royaume d’Occitanie, armée de ma seule KarteDeKrédit pour rejoindre le  compagnon de toutes mes Questes, mêmes les plus délirantes et les plus impromptus: Francesca Von Hüßer Dela Casa Del Marly (1). Pour rejoindre son humble demeure, il me fallu affronter les assassins de la route, tous ces monstres de métal énormes, que d’aucun appellent camions ou semi-remorques, qui tentaient régulièrement de m’écraser en me déboîtant devant le nez, sans mettre de clignotant (2). Sans oublier tous ces faquins de langue alémanique issus des Frisons, des Saxons ou d’Austrasie qui tentaient de me faire sortir de la route à l’aide de leur charrette blanche (3). Puis il me fallu me sortir de l’estomac sans fond et insatiable, du monstrueux et terrible Fourvière. Las, après des heures de combats acharnés, et moultes invectives, je m’échappais de cet endroit maléfique. Ce n’est qu’arrivé au Royaume de Bourgogne, que les assauts s’estompèrent peu à peu et que la chevauchée fut calme et tranquille.

Une fois mon acolyte récupéré et préparé au combat, avec son arme de prédilection: le SakAvekPleinDeBordelDedans, nous partîmes en faisant fi des avertissements du dieu de la route et des voyages, le puissant GéPéHesse, et nous primes la voie la plus rapide. Fols que nous étions, la rapide et véloce route communément appelée Otorout’Aquatre était parsemée d’embûches et de travaux, de déviations, nous faisant perdre de précieuses minutes, et surtout fatiguant mon rutilant destrier qui voulait se sustenter rapidement, étant sur la réserve..

Sur le chemin nous essuyâmes des vents à décorner un taureau, un froid à geler un feu de la Saint-Jean, des trombes d’eau à faire chavirer un tanker, des chutes de branches et des trous d’eau inondant le bitume, dans le seul but de nous faire sortir de la route.

Une fois dans le lointain pays de Sarrebourg, nous allâmes à Abreschviller, suivant dorénavant la guidance du puissant dieu GéPéHesse à qui nous avions offert maintes prières et moultes offrandes. Arrivé à l’endroit indiqué au bout d’une heure et demi, nous n’en croyions pas nos yeux ébahis, l’endroit était fondu dans l’architecture locale. Pour un peu, nous l’aurions raté. Il nous paraissait même désert et inoccupé.

Armés de notre courage nous fîmes une sortie et tentèrent de rejoindre le lieu, bravant courageusement l’hostilité des éléments.

Une fois à l’intérieur, une gente dame, gardienne des lieux, et descendante du Fier et Majestueux peuple Picte ou Gaélique nous accueillît avec un sourire enjôleur et une déférence digne des plus grand seigneurs, nous pûmes ainsi contempler le divin produit. Mais la partie n’était pas jouée. Une épreuve des plus terribles nous attendait. Il nous fallait affronter un péril encore plus effroyable, la quintessence de l’horreur, un affrontement en face à face, avec le monstrueux rejeton de l’infâme dieu Kapitalism.

C’est armés de nos fidèles KarteDeKrédit que nous dûmes combattre en solo, l’un après l’autre, l’épouvantable Machin’AKart (appelée en langue profane: Machin’AKart OuhilFôTaperSonCode MéPourSa Enkor FautilSenSouv’nir Et’RetrouverSaKartPlanké’ OfonDuSak).

Victorieux, non sans mal, nous pûmes retrouver mon fidèle et rutilant destrier et refaire le chemin en sens inverse, en écoutant la parole divine de GéPéHesse. Le retour fût aussi tortueux que l’aller, attaque de Lapin de Garenne sauvage, averses de grêle (ou alors de gouttes d’eau très lourdes), attaque d’un champ de cigognes, attaque de convois exceptionnels et de tracteurs.

Si mon compagnon avait pu ramener l’artefact à bon port, ce n’était pas terminé pour moi. Il me fallait encore arriver en pays Occitan, affronter à nouveau, les monstres de métal, tueurs sanguinaires de la route, vaincre à nouveau Fourvière qui n’attendait qu’une chose, une erreur de conduite d’un voyageur pour provoquer son invocation la plus puissante, l’épouvantable Embout’Eillage.

Gloria! Gloria! Sonnez Tocsins et Trompettes! Que les jouvencelles et les éphèbes parsèment mon chemin victorieux de pétales! Que le seigneur du royaume prépare son discours! Troubadours et trouvères, égosillez vous à n’en plus finir pour chanter ce haut-fait…

Hélas, cent fois hélas, le retour triomphal, cette victoire éclatante qui se racontera de générations en générations, n’est malheureusement pas l’unique épreuve à accomplir. Il reste celle du goût. Combien de fois ai-je fait des centaines de kilomètres pour trouver la bière médaillée d’or, ou le vin médaillé d’or, ou le fromage suprême et combien de fois ai-je été déçu de ne pas le trouver exceptionnel. Non pas parce que le produit n’était pas exceptionnel, mais parce que mon palais, mes papilles n’étaient pas suffisamment développées pour apprécier la finesse des saveurs.

Du coup l’instant décisif est: est-il bon? On le fait alors passer au test des cinq sens…

Tout d’abord le toucher… il est lisse, tendre, doux… l’odorat maintenant, il est poivré et fumé, légèrement, il sent vraiment bon. La vue… il est plus clair que les autres fuseaux lorrains que j’ai pu voir… l’ouïe… j’entends rien… c’est plutôt bon signe! Et maintenant le goût…  Je me jette sur un couteau et en tranche un délicat morceau, et le met en bouche. Va-t-il mériter ses 3 heures de route aller retour? Va-t-il passer au delà des fuseaux lorrains d’exception que je peux trouver proche de Metz (au GAEC de Marange Zondrange ou chez Nicolas au Marché couvert de Metz)?

Et là, c’est une explosion de saveur… J’en suis bouche bée, pour peu qu’il soit possible d’être bouche bée en mangeant quelque chose.

Verdict: IL EST EXCEPTIONNEL et je n’ai jamais mangé de saucisse sèche ou fuseau lorrain aussi bon!

Mais mes goûts en matière culinaire et gastronomique étant souvent remis en cause par les esthètes, je fais tester d’autres personnes à qui je ramenais également du fuseau lorrain. J’observe leur visage, scrute chaque expression, chaque tension musculaire pouvant trahir l’appréciation ou le dégoût. Les yeux se ferment de délectation, un « hmmmmmm » vient ponctuer l’instant.

C’est un 10/10.

La Queste est validée!!!! C’est un franc succès qui restera longtemps dans les annales et se transmettra de parents à enfants pendant des générations. Et peut-être qu’un film sera tourné, un livre sera écrit, ou bien ça restera une page d’un obscur site internet… qui sait?

(je verrais bien Jean Réno dans mon rôle)

Adresse du lieu

Boucherie Blackpudding & Co
2 Rue Pierre Marie
57560 Abreschviller

Les sites

Site de la boucherie: http://boucherie-blackpudding.com/

Page Facebook de la boucherie: https://www.facebook.com/blackpudding.abresch/

Site de la ville d’Abreschviller: http://www.abreschviller.fr/

Le train à vapeur d’Abreschviller: http://train-abreschviller.fr/

Notes

(1) Francesca Von Hüßer Dela Casa Del Marly, alias Françoise, ma mère qui adore m’accompagner dans mes périples gastronomiques ou de visite du terroir.

(2) Nan, mais c’est vrai, il y a un code de la route spécial pour les conducteurs de camion qui autorise à ne pas mettre les clignotants, à déboîter sans regarder, voir à pousser une voiture (à grand coups de klaxon et en lui roulant dessus) à changer de voie parce qu’ils veulent doubler. Parce que tous les camions, sans exception que j’ai vu doubler, ne mettaient pas le clignotant, ou alors après la manoeuvre, déboitaient devant les voitures provoquant à chaque fois un petit embouteillage avec perte de 40 km/h sur la vitesse.

(3) Parfois je me demande s’il y a un permis de conduire spéciale caravane et camping-car, parce que question clignotant, rétro, et se mettre sur la voie de gauche à 95km/h maxi… j’ai tout vu, et le pire… pas le meilleur.

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