Mai 162010
 


Mise en place des festivités

Voici mon petit compte rendu de la coupe de France de Uechi-ryû 2010.

Levé à 6 heure 30 pour me rendre au Gymnase Porte de Vanves (merci à Tsuyoshi pour m’avoir accepté dans ta voiture et m’y avoir conduit)… Je suis courbaturé du stage de la veille… Le petit déjeuner a du mal à passer car je commence à avoir le trac, mais c’est très léger, j’arrive encore à garder de la contenance… J’ai tout mis de mon côté pour que ça se passe bien: petit déjeuner avec céréales, riz, Nori (onigiri)… mais le stress et la fatigue liée à une mauvaise nuit me donne quelques maux de têtes. On commence les inscriptions à 9h30 pour les junior et sénior (dont je fais partie, mais ça vous vous en seriez douté). Et il nous faut attendre le passages des poussins, benjamins, pupilles, minimes filles puis garçons… et aussi le passage des juniors garçons et filles pour que ça soit notre tour… Plus le temps passe et plus le stress augmente mais relativement controllable. Arrive le passage de mes condisciples au compte goutte…

C’est ma première compétition depuis que j’ai commencé les arts martiaux, et je dois dire que je n’avais jamais ressenti une telle appréhension… Au fond de moi je ne suis pas venu pour gagner une médaille ou une place au podium, mais pour gagner une victoire contre moi-même… découvrir cet ennemi qui se cache au fond de moi et lui faire face, cette peur qui me paralyse et m’empêche parfois de prendre plaisir, malgrè l’aide de mes senpai et sensei.

Au fond de moi, je m’attends à faire un kata du mieux que je peux, sans me tromper… Ce que j’arrive rarement à faire lorsque soumis à une pression que je me mets moi-même. Premier kata je présente seisan… Ce n’est pas un kata facile sur des surfaces de tatamis car il y a un saut et la réception sur une jambe n’est pas évidente sur une surface molle. Mais je le choisis quand même car je l’avais effectué deux fois devant un public et soumis à un stress important. Mais là, la pression est plus grande, plus forte. J’arrive à faire le kata correctement, mais je me sens gauche, j’oublie les conseils que nous a donné sensei Shimabukuro durant les cours: doigts serrés, positions des mains, hirate mawashiuke, etc… Et au final je réussis à passer le premier tour. Chose que je n’avais pas vraiment prévu, car il me faudra présenter un autre kata. La pression devient un peu plus forte, mais après ce premier kata, j’ai rencontré mon ennemi et j’ai commencé à prendre les mesures pour le combattre. Je présente seichin, car seiryu et kanchin étant des katas que j’ai appris il n’y pas très longtemps, je fais encore des erreurs lors des entrainements sans pression, alors je préfère présenter un kata où mon taux d’erreur est faible. A ce deuxième passage, le kata même s’il n’était très beau, rythmé, me permet de passer en demi-finale. Pour elle je décide de représenter seisan… Mon adversaire présente un kata mais il a quelques hésitations… il suffit que j’enchaine seisan comme la première fois, et l’affaire est dans le sac… il suffit simplement que je ne me trompe pas… simplement… En fait, je vais faire pire… à 7 mouvements de la fin… c’est le blanc… au point que pendant un temps qui me parait être quelques minutes je ne parviens même plus à prendre conscience de l’endroit où je me trouve. Impossible d’enchainer et d’aller plus loin. Trop de stress? Manque de sucre à ce moment de la compétition? Les deux? Je ne sais pas…  Je me contente donc d’une troisième place ex-aequo…

Cette matiné a été très profitable, car elle m’a permis de faire face à mon plus grand ennemi: moi-même, à prendre connaissance de mes faiblesses et des armes qu’il me faut pour les dépasser et me combattre moi-même. Et surtout de prendre conscience que je pratique les katas à la mémoire et que je lis toujours dans ma tête les mouvements suivants… de ce fait, il suffit d’un passage à vide pour me stopper dans l’élan de mon kata. Alors que si je les savais mieux, que je les avais pratiqués suffisamment longtemps pour que l’annonce du kata déclenche son exécution, sans réflechir, que le corps bouge sans pensée consciente… ça demande du temps et de la pratique… so shimasho!

Après quelques photos on erre de brasseries en restaurant pour trouver un endroit où manger… Malheureusement certaines choses font qu’on mange tardivement, mais on arrive rapidement pour procéder à la pesée… Bon la balance de Didier ment, et puis y a le poids du karategi… et surtout le poids de la coquille… 100.6 kg pour moi (T_T)… Oui la balance de Didier ment, je n’ai pas pu avoir pris 2 kilos… non c’est pas possible… Donc vous aurez facilement compris que je me retrouve dans la catégorie des tank…

Il y a 4 compétiteurs en garçons -75kg, 3 compétitrices filles qui combattent en open (sans catégorie de poids fautes de candidates et pour leur permettre de s’exprimer un peu) et 5 compétiteurs garçon en + 75 kilos. La pression commence à monter… cette après midi sera ma première compétition en combat et surtout ma première compétition en plein contact. Les courbatures de la veille commencent à se réveiller, mes jambes deviennent lourdes au fur et à mesure que le temps passe… les minutes qui s’égrainent paressent être des heures…

Comme nous ne somme pas nombreux et pour que chacun puisse apprécier un peu le fait de faire des combats, on combat contre tous ceux de notre catégorie et celui qui a le plus grand nombre de victoire gagne.

Mes adversaires sont : Raphaël, Anthony, Alexandre et Gregory.

Mon premier combat est contre Raphaël… Et là je fais fasse à mon ennemi… Arrivé face à lui, on se salut, et le combat commence… Qu’est-ce que je dois faire? Comment attaquer… je me sens complètement paumé. En plus mon protège dent me donne la nausé, je n’arrive pas à bien respirer par le nez comme ça, et j’ai du mal à pousser un kiai. J’ai la chance de combattre pour mon premier combat contre quelqu’un comme Raphaël, que je connais et qui travaille très bien. Il n’est pas complaisant, et ne se laisse pas faire, mais il n’est pas agressif et violent quand il n’y a pas besoin de l’être. C’est quelqu’un de très fair-play qui m’apporte toujours beaucoup. Je perd contre lui très rapidement après deux jôdan tsuki. Mais je sens que quelque chose au fond de moi se lève, comme un voile qui me troublait la vue. Mon deuxième combat sera toujours aussi stressant, Anthony n’est pas un débutant, il a quelques compétitions à son actif et a aussi une certaine maitrise du sujet… Pareil… défaite par deux waza-ari par tsuki jôdan. Mais là je commence à voir la lumière et me sentir un peu mieux… j’appréhende moins et j’arrive à apprécier le combat. Contre Alexandre qui lui aussi a une certaine pratique, je sens qu’il faut que je termine le combat rapidement. Il monte les jambes rapidement et haut et ma garde haute n’est pas bonne, si je veux éviter de prendre un mauvais coup voir un KO, il faut que je finisse rapidement. Donc marquer les points le plus vite possible. Donc entrer dans sa garde et faire ce qu’on m’a fait les deux fois d’avant. J’y parviens mais ce fut très difficile, toute cette pression, le fait que j’ai toujours cette sensation de lourdeur dans le corps et surtout que j’ai du mal à élaborer une stratégie, de voir les ouvertures… Le dernier combat contre Greg n’aura pas lieu à cause d’une blessure. C’est d’un côté dommage car c’est un combattant redoutable qui aurait pu beaucoup m’apporter, et m’apprendre sur moi même et d’un autre côté je commencais à avoir mal au tibia suite à low-kick donné sur un tibia bien endurcit ou un genou. Résultat: Anthony premier, Raphaël deuxième, Greg et moi troisième ex-aequo.

Je tiens à remercier d’une part Didier pour l’organisation de cette coupe de France, et pour m’avoir un peu poussé à y participer. Je remercie mes senpai qui m’ont encouragé et soutenu pour que je sois là, sur les tatamis aujourd’hui. Je remercie tous les arbitres qui se sont levés tôt pour être là et sans qui cette coupe n’aurait pu avoir lieu. Et je remercie la gentillesse et le fair-play de mes adversaires du jour. Comme quoi on peut se cogner fortement, à se mettre KO, sans pour autant ne pas s’apprécier être amis en dehors de l’air de combat.

Cette compétition m’a appris beaucoup sur moi-même, beaucoup plus qu’une dizaine d’années de pratique effectuées auparavant. J’ai le sentiment d’avoir fait un grand pas en avant, d’avoir déverrouillé une partie de ce qui me bloquait. Maintenant il ne me reste plus qu’à digérer, et travailler pour m’améliorer, pouvoir élaborer une stratégie en combat, voir les ouvertures rentrer, bouger plus, me mettre à distance, projeter (sans aller au sol), et surtout être plus vif… Car ce qui me manquait cette après midi, ce n’est pas de la condition, mon corps bouge bien si mon esprit le dirigeait correctement… Mais ça, il n’y a que la pratique et l’entrainement qui permettront d’y arriver.  En tous les cas une journée riche en enseignement et connaissances. Et surtout j’ai enfin pu prendre du plaisir à faire un kumite en plein contact, sans être étouffé par la peur. Bien qu’à plusieurs moments, j’étais pas loin de (pardonnez moi l’expression vulgaire) de chier dans mon froc…

Je pense que le combat contre la peur est un combat qui est vraiment difficile et qui nécessite du temps… Et je sens que j’ai vraiment progressé psychologiquement… Déjà en ayant fait le pas de venir en tant que compétiteur et en ayant été jusqu’au bout. Bref, une journée qui me motive un peu plus… Et surtout qui me montre que sous pression je ne suis plus très bon à rien et qu’il faut que je travaille plus en sensation et que j’arrive maintenant à mieux réguler cette pression. Bref, une journée qui n’est absolument pas perdu.


Les compétiteurs en kumite


Salut face aux arbitres


Les compétiteurs et les arbitres

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